Le procès en appel de l’adjudant-chef Moriba Camara, accusé du meurtre par balle de Thierno Mamadou Diallo à Hamdallaye, dans la commune de Ratoma, lors d’une manifestation contre la hausse du prix du carburant, s’est ouvert le jeudi 11 janvier 2024 à Conakry.

Devant la Cour d’Appel de Conakry, la défense a demandé l’acquittement de l’agent déclaré coupable de meurtre et condamné à 10 ans de réclusion criminelle par le tribunal de première instance de Dixinn.

« L’adjudant-chef Moriba Camara n’est pas lié à cette mort. La juridiction d’instance l’a condamné sans aucune preuve. C’est en l’absence de toute preuve que le juge d’instance l’a condamné à 10 ans de réclusion criminelle. Or, l’adjudant-chef Moriba Camara, qui a tant servi la nation guinéenne, n’est pas lié à cette mort. Il n’était pas le seul à tirer ce jour. Il y a eu plusieurs tirs. On ne sait pas la balle qui est allée perforer les tôles et tuer la victime Thierno Mamadou Diallo… Donc, nous relevons appel de cette décision en vous demandant de le renvoyer des fins de la poursuite », a annoncé maître Kabinè Kourala Keïta, avocat de la défense.

Par contre, la partie civile minimise cette peine et demande à la Cour d’aller au-delà en raison « de la gravité des agissements » de l’accusé.  Par la voix de maître Alseny Aissata Diallo, elle sollicite une révision de la peine : « nous estimons que la peine est très minime. Nous vous demandons plus. Nous nous attendions à ce que l’accusé soit condamné à perpétuité par rapport à son agissement. Nous, depuis 12 ans, nous avons enregistré plus de 300 victimes, toutes tuées par balles, par des personnes nourries, habillées, logées par la population guinéenne. L’adjudant-chef Moriba Camara fait partie de ces agents qui sont logés, nourris, habillés par le contribuable guinéen. Et nous, nous estimons que, vu ses agissements, le juge d’instance a été très clément en le condamnant à 10 ans de réclusion ».

En répondant à l’une des questions du juge, l’adjudant-chef Moriba Camara a plaidé non coupable tout en jurant sur la saint Coran : « je jure sur le Coran et les 5 prières que ce n’est pas moi. Je peux mettre ma main sur le Coran pour jurer. Le mercredi 1er juin 2022, une patrouille mixte a été déployée sur le lieu pour protéger les citoyens et leurs biens. Ce jour, nous étions stationnés au carrefour de Bambéto. Aux environs de 18 heures, la population est venue vers nous. Ils ont barricadé la route. Nous sommes allés enlever toutes les barricades devant la Galerie Marifala. Nous avons remonté l’information. Ainsi, nous avons pris la route Le Prince, direction Hamdallaye. A ce niveau, nous avons trouvé des jeunes armés de cailloux, de manchettes et tout ce que vous savez. Ils ont lancé un caillou qui m’a blessé au pied.  Mon collègue a reçu un coup au thorax. Tous mes collègues tiraient. Et moi, j’ai fait deux tirs de sommation en l’air. Immédiatement, la foule s’est dispersée. La foule a voulu nous exterminer ce jour. Si je n’avais pas fait les deux tirs de sommation, ils allaient nous tuer ».

« Quand la foule s’est dispersée, nous avons trouvé des pick-up de gendarmes à Hamdallaye. Ceux-ci étaient venus en renfort et ils tiraient des tirs des sommation en allant vers Bambéto… Mais moi, je n’ai pas tué », a ajouté l’adjudant-chef Moriba Camara.

Au terme de cette déposition, la cour a renvoyé l’affaire au 18 janvier 2024, pour les plaidoiries et réquisitions.

TAOB