Les difficultés qu’éprouve le chef de la junte militaire du CNRD a faire de véritables changements, en dépit des échecs indéniables, se situent au fait que les nominations aux postes les plus importants l’ont été beaucoup plus par cooptation affairiste que par évaluation de compétences.

En fait, dès les premières heures de la transition, les membres influents qui se sont autoproclamés héroïquement “soldats qui sont allés à la mort”, se sont taillé les postes juteux et stratégiques de l’administration. Ce partage du gâteau entre les conquérants du magot (la Guinée), a donné lieu à une lutte d’intérêts personnels de sorte que chacun protège sa zone d’influence à travers ses serviteurs placés.

Ainsi, avec une telle configuration, ce ne sont pas les résultats produits pour le pays qui déterminent la survie d’une personne à son poste; mais celui de sa loyauté et sa servitude vis-à-vis de son parrain au sein du premier cercle de décisions. Et si ce dernier tombe en disgrâce, ses protégés changent de “maître” ou disparaissent par limogeage (tous les arguments farfelus y passent).

Nul n’ignore que les organes de la transition sont composés de valets et de vuvuzelas qui bougent au rythme des intérêts des parrains qui dictent la conduite à tenir. Dès que ceux-ci se sentent sous pression, ils créent de la diversion avec des faux sujets qu’ils font relayer pour tympaniser l’opinion publique. Ceci en espérant avoir une tranquillité ne serait-ce que de quelques jours.

L’opinion publique ayant compris le jeu, par expérience du passé et avec l’évolution des moyens de communication, les stratégies de manipulation de la junte ne fonctionnent plus.

C’est pour éviter justement d’être pris dans son propre piège, qu’on leur conseillait de conduire la transition la plus courte possible pour revenir à l’ordre constitutionnel. Pour la simple raison qu’au-delà de deux ans, dans de telles circonstances, les problèmes deviennent fréquents, nombreux et ingérables pour des novices qu’ils sont.

Comme le disait un penseur, dans le système de la mafia, tout semble toujours bien marché jusqu’au jour où ça s’arrête brutalement. Hélas !

Aliou BAH
Président du MoDeL