Après la comparution des accusés, l’heure est aux témoignages des victimes dans le dossier du massacre du 28 septembre 2009.

Ce mardi 14 février 2023, Oury Baïlo Bah a donné sa version devant le tribunal criminel de Dixinn délocalisé à la Cour d’Appel de Conakry. Cet avocat de profession domicilié dans la commune de Matoto, a rapporté les circonstances de la mort de son frère Elhadj Hassane Bah en ces termes : « Je suis partie civile dans cette affaire, parce que j’ai perdu mon petit frère bien aimé… Il était fonctionnaire, engagé en 2008. Il était archiviste documentariste. Ce jour du 28 septembre, il est sorti parce qu’il avait un programme pour aller assister à un baptême dans la belle famille d’un de ses amis. Il a été emporté par la foule de manifestants, qu’il a suivi. Il habitait Hamdallaye et moi en ville où il venait tous les week-ends. On s’appelait à tout moment. Il m’a dit qu’il est allé au stade et qu’il y a eu 2 morts à l’esplanade du stade en présence du colonel Tiégboro et ses hommes. Après, il m’a dit que le stade est ouvert, ils sont rentrés et c’est les discours qui se tenaient. On a continué à s’appeler ».

« Quelques temps après aux environs de 11heures, il m’appelle pour me dire que les bérets rouges sont rentrés dans le stade et ont commencé à tirer. Plus tard, je l’ai appelé, le téléphone sonnait mais personne ne décrochait. C’est là j’ai capté France24, et je vois sur la bande passante : massacre au stade du 28 septembre, bilan 10 morts… j’ai continué à appeler, mais finalement, le téléphone ne passait plus. Depuis ce jour, je n’ai pas eu des nouvelles de lui. Après toutes les recherches, c’est à 18heures, j’ai reçu la nouvelle fatidique m’annonçant la mort de mon frère », a-t-il rapporté avec un ton pathétique.

A la recherche de son frère parmi les 57 corps qui avaient été officiellement annoncés par les autorités, il s’est rendu selon lui à la mosquée Fayçal. De là, il s’est retrouvé à la morgue de Donka également pour tenter retrouver le corps, mais en vain car l’ex-Ministre de la santé à l’époque Abdoulaye Chérif Diaby aurait donné instruction à ses hommes de bloquer l’accès aux parents des victimes.

« Le ministre de la santé est venu avec des hommes à la morgue. Ils ont chassé les gens qui venaient rechercher des proches. Mais quand ils sont arrivés là-bas c’était la débandade. 

J’ai été à l’hôpital de 14h à 18 heures. J’étais là-bas. Ils (ministre et ses hommes) sont venus par le portail.  Il n’a pas tenu des propos désobligeants. Quand-même j’ai vu que suite à son ordre il y a eu ce refus aux parents d’accéder aux corps. L’ordre a été donné aux militaires de chasser tout le monde. Je ne l’ai pas vu injurier », a-t-il déclaré en répondant à l’une des questions des avocats.

Pour renchérir, Oury Bailo Bah réclame la justice pour honorer la mémoire des victimes à l’image de son frère porté disparu : « je voudrais qu’on nous dise où est mon frère Elhadj Hassane Bah. C’est vrai qu’il a été tué et c’est vrai que son corps a disparu ».

« Ma famille et moi nous le (Dadis Camara) tenons pour responsable pourquoi parce qu’il était le premier responsable de cette nation », a-t-il déclaré à la barre.

Affaire à suivre !

TAOB