La pandémie de Covid-19 a freiné les progrès accomplis dans la mise en œuvre des Objectifs de développement durable (ODD) et sapé des décennies de travail en faveur du développement, selon les résultats peu encourageants d’un rapport publié mercredi par la FAO, à la veille d’un Sommet sur les systèmes alimentaires en marge de l’Assemblée générale de l’ONU à New York.

« Le constat est alarmant : les progrès réalisés au titre de nombreuses cibles des ODD ont été défaits, ce qui a des conséquences majeures sur tous les aspects du développement durable et rend la concrétisation du Programme 2030 encore plus difficile », explique le Statisticien en chef de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), Pietro Gennari.

L’analyse, qui s’intitule Tracking progress on food and agriculture-related SDG indicators 2021 [Suivi des progrès des indicateurs des ODD liés à l’alimentation et à l’agriculture 2021], porte sur huit des 17 ODD (1, 2, 5, 6, 10, 12, 14 et 15), sur la base des dernières données et estimations disponibles.

Le rapport indique notamment que le monde prend du retard ou progresse très peu sur plusieurs fronts :

  • La pandémie de Covid-19 pourrait avoir plongé 83 à 132 millions de personnes supplémentaires dans la faim chronique en 2020, ce qui nous éloigne encore plus de l’objectif Faim zéro.
  • Un pourcentage inacceptable des aliments (14%) sont perdus dans la chaîne d’approvisionnement avant même d’avoir pu arriver jusqu’au consommateur.
  • Les systèmes agricoles sont les plus touchés par les pertes économiques dues aux catastrophes.
  • Les petits producteurs restent défavorisés et, dans les pays en développement, les femmes gagnent moins que les hommes même si elles produisent plus.
  • L’instabilité des prix s’est accentuée en raison des contraintes liées à la pandémie de Covid-19 et aux mesures de confinement adoptées pour y faire face.
  • Les progrès en matière de conservation de la diversité génétique des plantes et des animaux pour l’alimentation et l’agriculture restent insuffisants.
  • Les inégalités entre femmes et hommes concernant les droits sur les terres sont extrêmement répandues.
  • Des lois et usages discriminatoires continuent de faire obstacle à l’exercice par les femmes de leurs droits fonciers.
  • Le stress hydrique atteint toujours des niveaux alarmants dans beaucoup de régions, ce qui menace le développement durable.

Le rapport met néanmoins en avant plusieurs domaines dans lesquels la situation évolue de façon positive dont : l’application de mesures de lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INDNR); la gestion durable des forêts; la suppression des subventions à l’exportation dans le secteur agricole; l’investissement destiné à augmenter la productivité agricole dans les pays en développement; l’entrée en franchise de droits, en particulier des produits agricoles, pour les pays en développement et les pays les moins avancés (PMA).

Que peut-on faire ?

Les auteurs du rapport soulignent qu’il faut accroître l’investissement dans l’agriculture, améliorer l’accès des exploitants aux nouvelles techniques agricoles, aux services de crédit et aux sources d’information, soutenir les petits producteurs de nourriture, conserver les ressources phytogénétiques et zoogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture, prendre des mesures pour lutter contre l’instabilité des prix des denrées alimentaires et empêcher des événements potentiellement dangereux de dégénérer en véritables catastrophes.

Ils préconisent également d’agir davantage pour que l’eau soit utilisée plus efficacement dans les régions les plus touchées par un stress hydrique élevé, de mener des interventions mieux ciblées pour réduire les pertes et le gaspillage alimentaires et de mieux protéger les écosystèmes terrestres et forestiers.

Il ressort également du rapport qu’il y a encore beaucoup de travail à accomplir concernant les aspects juridiques et pratiques des droits fonciers des femmes et dans le combat contre la menace que représente la pêche INDNR pour la durabilité de la pêche dans le monde entier.

Enfin, la nécessité d’augmenter de toute urgence la quantité et la qualité des données y est soulignée.

« Alors que la pandémie de Covid-19 se poursuit et que le monde prend encore du retard dans la concrétisation des ODD d’ici à 2030, il est plus essentiel que jamais de rassembler des données récentes d’excellente qualité », a expliqué M. Gennari.

Le Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires est organisé pour sensibiliser l’opinion publique mondiale et intensifier les actions menées pour transformer les systèmes alimentaires, éradiquer la faim, faire reculer les maladies liées à l’alimentation et guérir la planète.

ONU