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A l’ouverture du débat général de la 76e session de l’Assemblée générale des Nations Unies au siège de l’Organisation à New York, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a appelé mardi le monde à se réveiller face aux menaces et aux divisions qui l’assaillent.

« Je suis ici pour tirer la sonnette d’alarme : le monde doit se réveiller. Nous sommes au bord du précipice – et nous continuons de nous en approcher. Jamais notre monde n’a été aussi menacé. Ou plus divisé. Nous faisons face à la plus grande avalanche de crises de notre existence », a prévenu le chef de l’ONU à la tribune de l’Assemblée générale devant des dizaines de chefs d’Etats et de gouvernement réunis pour ce rendez-vous annuel.

Le Secrétaire général a fait la liste des crises auxquelles le monde est confronté : la pandémie de Covid-19 ; la crise climatique ; les bouleversements en Afghanistan en Éthiopie et au Yémen ; la vague de méfiance et de désinformation ; les attaques contre la science ; une assistance économique trop faible, trop tardive, ou inexistante pour les plus vulnérables.

« La solidarité est absente, au moment même où nous en avons le plus besoin », a-t-il dénoncé

Selon lui, « nous sommes moralement coupables de l’état du monde dans lequel nous vivons ».

« L’heure de vérité a sonné. Le moment est venu d’agir. Le moment est venu de redonner confiance. Le moment est venu de raviver l’espoir. Et de l’espoir, j’en ai ! », s’est exclamé le Secrétaire général.

« Les problèmes que nous avons créés sont des problèmes que nous pouvons résoudre. L’humanité a montré que rien ne l’arrêtait quand tout le monde travaillait main dans la main. C’est la raison d’être des Nations Unies », a-t-il ajouté.

Renforcer la gouvernance mondiale

Le chef de l’ONU a toutefois reconnu que le système multilatéral actuel a ses limites : ses instruments et ses capacités ne suffisent pas pour assurer l’efficacité de la gouvernance des biens publics mondiaux. Ce système est trop axé sur le court terme.

« Nous devons renforcer la gouvernance mondiale. Nous devons nous concentrer sur l’avenir. Nous devons renouveler le contrat social. Nous devons adapter l’ONU à une nouvelle ère », a-t-il dit, rappelant qu’il avait présenté récemment un rapport intitulé ‘Notre Programme commun’, qui offre 90 recommandations concrètes visant à relever les défis d’aujourd’hui et à renforcer le multilatéralisme de demain.

Mais, selon M. Guterres, « pour atteindre cette terre de promesses, nous devons combler de grands fossés ». Et il en a identifié six.

Le fossé qui nous sépare de la paix

« Premièrement, nous devons combler le fossé qui nous sépare de la paix. Pour bien trop de personnes, partout dans le monde, la paix et la stabilité restent un rêve lointain », a-t-il expliqué.

« Nous assistons à une flambée des prises de pouvoir par la force. Les coups d’État militaires reprennent. Et la désunion de la communauté internationale n’aide pas », a-t-il ajouté. « Un sentiment d’impunité s’installe ».

Selon le Secrétaire général, pour redonner confiance et raviver l’espoir, le monde a besoin de coopération et de dialogue.

« Nous devons investir dans la prévention des conflits et le maintien et la consolidation de la paix. Nous devons faire avancer le désarmement nucléaire et l’action que nous menons ensemble contre le terrorisme. Nous devons agir dans le profond respect des droits humains. Et nous devons nous munir d’un nouvel Agenda pour la paix », a-t-il ajouté.

Le fossé climatique

Le deuxième fossé à combler est le fossé climatique. « Pour ce faire, il faut rétablir la confiance entre Nord et Sud. Et cela commence en faisant tout ce que nous pouvons dès maintenant pour assurer le succès de la Conférence de Glasgow », a-t-il dit, en référence à la Conférence sur le climat prévue dans quelques semaines en Ecosse.

Selon lui, il faut que tous les pays se montrent plus ambitieux dans trois grands domaines d’action : l’atténuation, le financement et l’adaptation.

Le fossé entre riches et pauvres

Le troisième fossé à combler est celui qui existe entre riches et pauvres, dans les pays et d’un pays à l’autre.

« Cela commence par mettre fin à la pandémie, partout et pour tout le monde. Nous avons besoin de toute urgence d’un plan de vaccination mondial permettant de faire au moins doubler la production et d’acheminer des vaccins à 70% de la population au premier semestre 2022 », a expliqué le Secrétaire général.

Selon lui, ce plan pourrait être exécuté par une équipe spéciale d’urgence composée de producteurs actuels et potentiels de vaccins, de l’Organisation mondiale de la Santé, de partenaires du dispositif Accélérateur ACT et des institutions financières internationales, en collaboration avec les sociétés pharmaceutiques.

« Nous n’avons pas de temps à perdre », a-t-il insisté.

António Guterres a également plaidé pour une véritable solidarité internationale qui « permettrait d’établir à l’échelle nationale un nouveau contrat social prévoyant une couverture sanitaire universelle et la protection du revenu, d’offrir à toutes et à tous un logement, un travail décent et une éducation de qualité pour toutes et tous et d’éliminer la discrimination et la violence contre les femmes et les filles ». Il a engagé les pays à procéder à des réformes fiscales et à mettre enfin un terme à la fraude fiscale, au blanchiment d’argent et aux flux financiers illicites.

Le fossé entre les genres

Le quatrième fossé à combler est celui entre les genres. La pandémie de Covid-19 a mis à nu et exacerbé le déséquilibre de pouvoir entre les hommes et les femmes.

« Combler le fossé entre les femmes et les hommes n’est pas seulement une question de justice pour les femmes et les filles. Cela change la donne pour l’humanité tout entière », a dit le chef de l’ONU. « Les sociétés plus égalitaires sont aussi plus stables et plus pacifiques. Elles ont de meilleurs systèmes de santé et des économies plus dynamiques ».

Il a exhorté les gouvernements, les entreprises et les autres organisations à prendre des mesures audacieuses, y compris des critères de référence et des quotas, pour établir la parité hommes-femmes à tous les niveaux de la hiérarchie.

La fracture numérique

Le cinquième fossé à combler est la fracture numérique, alors que la moitié de l’humanité n’a pas accès à l’Internet. « Nous devons faire en sorte que tout le monde soit connecté d’ici à 2030 », a dit le chef de l’ONU.

Le fossé entre les générations

Enfin, le sixième fossé à combler est le fossé entre les générations.

« Les jeunes devront vivre avec les conséquences de nos décisions – bonnes et mauvaises. Dans le même temps, à la fin du siècle, il devrait y avoir 10,9 milliards de personnes sur la planète », a noté le Secrétaire général.

Selon lui, le monde a besoin « de leurs talents, de leurs idées et de leur énergie ».

Son rapport ‘Notre Programme commun’ propose qu’un sommet sur la Transformation de l’éducation soit organisé l’an prochain pour faire face à la crise de l’enseignement et offrir davantage de possibilités aux 1,8 milliard de personnes que compte la jeunesse d’aujourd’hui.

« Mais les jeunes ont besoin de plus. Ils doivent être assis à la table de négociations », a prévenu M. Guterres.

Il compte nommer un Envoyé spécial pour les générations futures et créer un bureau des Nations Unies pour la jeunesse.

« Et les contributions des jeunes seront essentielles pour le Sommet sur le futur proposé dans ‘Notre Programme commun’. Les jeunes ont besoin d’un projet porteur d’espoir pour l’avenir », a-t-il ajouté.

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