Stop à l’excision

Dans le cadre de l’exécution de son projet de lutte contre les mutilations génitales féminines (MGF), l’Association Guinéenne pour la Consolidation de la paix et de la Solidarité (AGUICOPS), en partenariat avec Global Média Comapany a organisé plusieurs activités de sensibilisations à Conakry et Dubréka. Ce, pour davantage contribuer à endiguer le phénomène.

C’est dans cette optique que l’organisation a rencontré le jeudi, 12 novembre à Conakry, une dame activiste qui se bat depuis plusieurs décennies contre la pratique en Guinée. Il s’agit de madame Binta Nabé, présidente de la Coalition Nationale de Guinée pour les Droits et la Citoyenneté des Femmes (CONAG-DCF). Avec elle, l’AGUICOPS n’a pas manqué sa campagne médiatique pour dédramatiser les atteintes basées  sur le genre, notamment les MGF, Mutilations Génitales Féminines.

 

Madame Binta Nabé, présidente de la Coalition Nationale de Guinée pour les droits et la Citoyenneté des Femmes (CONAG-DCF)

« Les MGF sont fondées sur l’égoïsme pure et simple. L’excision donc est une pratique traditionnelle qui touche nos valeurs, ce qui fait qu’il est un peu difficile de l’éradiquer le plutôt possible, mais avec une longue lutte, on y arrivera avec les futures générations », a-t- elle indiqué.

A en croire la présidente de la CONAG-DCF, le phénomène de l’excision renferme des conséquences multiples sur la vie de la femme tout comme celle de son enfant : «  la première est  une violence  morale, parce que chaque femme exigée vit avec jusqu’à sa mort. Imaginez, la personne qui prend une lame ou un couteau pour te couper une partie, te rendre handicaper, tu ne vas jamais l’oublier et dès qu’on dit son nom quelque part, tu te souviens de ce jour là.  La deuxième conséquence est physique, parce qu’on ampute une partie au niveau du clitoris. Economiquement, si l’intéressée tombe malade suite aux blessures, elle aura beaucoup de difficultés financières liées à sa prise en charge ».

« Sur le plan médical, la pratique peut être à l’origine de la mortalité maternelle, néonatale et infantile dans la mesure où les mutilations retardent le temps d’accouchement. Parce que la glande  (Clétoris) qui sécrète et facilite la sortie de l’enfant n’est plus. A ce niveau, si l’enfant n’arrive pas à temps, on assiste à sa mort ou parfois la disparition de la mère. De l’autre côté, si le travail dure, ce temps de travail peut faire que le fœtus s’appesantisse longtemps sur la vessie pour provoquer une autre maladie. La plupart des personnes qui développent la  fistule, ça intervient à leur première grossesse ; et souvent ce sont des petites filles à l’âge de treize à quatorze an », a-t-elle fait remarquer.

Pour bannir le phénomène à jamais, l’activiste a mis l’accent sur la prévention et la répression : « il faut sensibiliser et informer les gens, parce qu’ils sont convaincus que ce que la tradition recommande c’est ce qui est vrai. Pourtant, certains connaissent les méfaits dans les structures sanitaires. Cette sensibilisation concerne tout le monde, non pas seulement les nos communautés à la base. Parce que certains agents de santé qui sont censés connaître les conséquences, font la pratique ».

Par rapport à la répression a précisé madame Binta Nabé , « il faudrait l’application des textes qui existent comme le code de l’enfant, le code pénal et le code de procédure pénale. Sur la santé de reproduction, il ya une loi qui dispose que les mutilations génitales féminines constituent un crime. Alors, il faut juger et condamner les personnes qui s’adonnent à la pratique. Aujourd’hui d’ailleurs, la justice peut s’autosaisir et toutes les organisations de la société civile peuvent se constituer parties civiles sur les de violences basées sur le genre en place et lieu des victimes et de leurs parents ».

« L’excision n’a aucun sens, ce n’est pas un acte religieux, ni un acte sanitaire. Nulle part dans le coran et la bible il n’est écrit, il faut exciser la fille », a-t-elle soutenu.

Alpha Oumar Binta Baldé, président de l’AGUICOPS

Pour sa part, Alpha Oumar Binta Baldé, président de l’AGUICOPS, organisation qui pilote le projet, a exprimé ses sentiments et attentes par rapport à l’exécution du projet : « nous avons parfois un ouf de soulagement associé à des difficultés relatives à la compréhension de la communauté par rapport aux enjeux liés à la pratique traditionnelle de l’excision qui contribue à l’augmentation du taux de mortalité dans les maternités ».

Selon lui, plusieurs quartiers sont touchés par cette campagne de sensibilisation sur la lutte contre les MGF: « nous avons touché aux environs  six (6) quartiers dont trois dans la commune de Dubréka et trois dans Ratoma. Au départ, nous avons fait des portes-à-portes, ensuite nous avons rencontré les différentes autorités de ces endroits. Nous attendons à ce que les différentes communautés rencontrées puissent comprendre les conséquences de la pratique de l’excision sur la jeune fille. Donc, on s’attend à ce qu’il y ait zéro excision dans le long terme ».

A l’endroit des autorités, il a demandé l’accompagnement des organisations de la société civile sur les questions judiciaires.

Thierno Amadou Oury BALDE

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