
Poursuivie pour abus de confiance au préjudice de Me Modibo Camara, Oulimatou Fall a été entendue au tribunal de Première Instance de Kaloum. L’affaire remonte en 2017 lorsque la partie civile a confié un contrat de réalisation d’un ouvrage à caractère humanitaire en mettant plus de 2.335.22.730 GNF (deux- milliards trois cent trente cinq millions deux cent vingt deux milles sept cent trente francs guinéens) à la disposition de la Société Guinée Challenge représentée par dame Oulimatou Fall de nationalité sénégalaise qui, selon les accusations qu’elle réfute à dissiper le dit montant.
Avant de requérir conformément à l’article 428 du code pénal deux ans d’emprisonnement ferme et une amande de 10 millions francs guinéens contre la prévenue, le représentant du ministère public a narré les faits.
« Il ya eu la remise d’un montant faramineux à Oulimatou Fall pour la réalisation d’un ouvrage. C’était projet humanitaire. Maitre Modibo Camara, partie civile dans cette affaire a voulu faire une œuvre de charité pour construire un bâtiment devant abrité une ONG humanitaire. Il a confié à cette dame la réalisation du dit bâtiment dont le devis est estimé à 2 milliards et quelques francs guinéens. Le délai arrive à échéance sans qu’elle puisse terminer les travaux. Ensuite, elle a donné un moratoire à la partie civile, mais en vain. Depuis Décembre 2018, elle reçu l’argent, mais elle a voulu abuser de la confiance de Me Modibo. Finalement, une plainte a été dressée contre elle après vérification des comptes. Comme elle est sénégalaise, elle transféré le montant ailleurs », a expliqué le Procureur Ousmane Sankhon.
Dans ses plaidoiries, la partie civile elle, a sollicité impute la responsabilité de la dissipation du fond à l’agente pénale : « le compte qui a perçu le montant est vide. Oulimatou FALL n’a pas utilisé le fond ». Par conséquent a poursuit Me Baba Hein qui s’adresse au juge: « veuillez retenir la prévenue dans les liens de la culpabilité. Sur l’action publique, appliquez les réquisitions du ministère public et sur l’action civile la réparation au profil de Me Modibo Camara en procédant en une compensation entre ce qu’elle a dépensé dans les 2.335.22.730 GNF et ce qu’elle a reçue ». « Nous demandons également sa condamnation pour le payement des dommages et intérêts à hauteur de 1.000. 500.000 GNF », a demandé Me Baba Hein en invoquant l’application de l’article 534 du code de procédure pénale.
De son côté, la défense a dénoncé l’aveuglement du parquet dans l’interprétation du contrat entre sa cliente et ses accusateurs. Selon elle, il s’agit d’un contrat de supervision et de construction signé entre Modibo Camara et la Société Guinée Challenge représentée par dame Oulimatou Fall qui date du 07 Mai 2017. « Il avait été établi qu’un montant forfaitaire de 2.335.22.730 GNF devrait être remis à l’entreprise. Le montant perçu englobe la prestation. Mais l’exécution du contrat est arrivée à un niveau élevé. A partir d’une visite sur les lieux, Me Modibo a demandé l’arrêt des travaux parce qu’il doutait de la sincérité du travail pour savoir ce qui se passait. Alors, est-il un délit de n’avoir pas achevé le contrat de réalisation de l’ouvrage avec toutes les perturbations. Les deux parties étaient liées à la remise des clés, c’était ça l’obligation de résultat de Dame Fall perturbée par l’arrêt des travaux exigé par son client. Où est le délit ? Qu’est ce qu’on fait de l’inexécution d’un contrat en matière civile ? »,s’est interrogé Me Lanseny III Camara, avocat de la défense.
En suite, cet avocat de la défense a demandé de renvoyer sa cliente des fins de la poursuite conformément à l’article 544 du code de procédure pénale. A défaut, la clémence de la juridiction en application des dispositions des articles 135 et 117 du code pénal.
Pour sa propre défense, Oulimatou Fall a plaide non coupable et parle de l’exécution du contrat à 75%.
Finalement, le président du tribunal Mohamed Diawara a renvoyé l’affaire au mercredi 19 février 2020.
Thierno Amadou Oury BALDE