Le  procès de Boubacar Diallo, dit Grenade, poursuivi pour « tentative de meurtre et détention illégale d’armes de guerre » connait une phase décisive  ce mardi, 12 février 2019, au tribunal criminel de Dixinn. A cette phase de la procédure, l’heure est aux réquisitions et plaidoiries.

Dans ses réquisitions,  le procureur Sidy Souleymane N’diaye, a rappelé les faits. Selon le lui, c’est de retour de l’enterrement de Saidou Bah, agent de sécurité de l’UFDG, que « Grenade a utilisé un PMAK, une arme létale, contre les forces de l’ordre, non armées. Sur place, Grenade a laissé 19 étuis de balles ! En maniant l’arme, il s’est blessé avec. Ses protecteurs, après l’avoir fait circuler dans deux cliniques de Conakry, l’ont exfiltré pour le Sénégal. Il y a bien eu tentative de meurtre, parce qu’il y a intention coupable du jeune homme, derrière qui les enquêteurs ont retrouvé 19 étuis de kalachnikov. Il a fallu que les agents se servent du gaz lacrymogène, non létale, pour empêcher Boubacar Diallo de commettre un carnage ».

A l’en croire, c’est l’accusé qui dirige la section cailloux qu’il qualifie « d’homme dangereux, sans état d’âme ».

S’adressant au mis en cause, le représentant du ministère public dira « à votre âge (25 ans, ndlr), vous ne trouvez pas mieux que de vous surnommer Grenade. Vous êtes une grenade offensive, vous êtes dangereux pour la quiétude sociale. Au lieu d’être à l’école, vous avez préféré parader avec des camouflages, utiliser des armes. « Boubacar Diallo, vous n’aviez pas le droit de porter une arme. Les photos en font foi. Vous ne vous êtes pas comporté en citoyen. Vous n’êtes pas militaire, vous n’êtes pas gendarme, vous n’êtes pas policier ; mais, vous avez détenu une arme de guerre, une kalachnikov ».

Poursuivant, il précise en ces termes, « les faits sont graves et ont considérablement troublé l’ordre public. Tout procureur est préoccupé par l’ordre public. C’est ça le droit pénal. Il n’est pas décent et il est illégal de s’attaquer aux forces de l’ordre. Boubacar Diallo a passé le plus clair de son temps à manœuvrer pour empêcher les forces de l’ordre de remplir leur mission. Je veux que ce procès serve d’exemples ».

C’est pourquoi, il a requis contre l’accusé 20 ans de réclusion criminelle : «veuillez  déclarer Boubacar Diallo dit Grenade, coupable des infractions de tentative de meurtre et détention illégale d’armes de guerre. Pour la répression, de le condamner à 20 ans de réclusion criminelle et une période de sûreté de 5 ans ».

De son côté, la défense  y voit un acharnement du parquet sur son client sans pièces à conviction.

Par la voix de Me Thierno Souleymane Baldé, le collectif des avocats de la défense s’est fait entendre : « Notre client a été arrêté sur une simple dénonciation. Pire, ses avocats, parents et amis n’ont pas pu avoir accès à lui. Il a été maintenu en isolement et détenu pendant plus d’une année. Par ailleurs, aucun de ses accusateurs n’est venu s’expliquer ni devant le juge d’instruction, ni ici devant cet auguste tribunal ».

« On  ne peut condamner Boubacar Diallo sur de simples suppositions. Notre client a été qualifié de criminel avant même que son procès ne s’ouvre, à travers les médias et tout au long des débats. Il n’a pas bénéficié de la présomption d’innocence », a dénoncé maître Thierno Souleymane Baldé.

Démontant les arguments du procureur, l’avocat a rappelé que Boubacar Diallo ne pouvait pas avoir une kalachnikov, tirer 19 balles, sans blesser quelqu’un. « Il n’y a pas de blessés, ni de partie civile dans ce dossier. Logiquement, le gaz lacrymogène ne pouvait empêcher à Grenade de blesser quelqu’un. C’est impossible ! Il n’y a aucune preuve. On ne peut pas condamner Boubacar Diallo sur de simples suppositions », dit-il.

S’agissant de  l’accusation de « détention d’armes de guerre », il a rappelé au tribunal que les images de son client avec une kalachnikov ont été prises dans une brigade de gendarmerie dont le logo y est d’ailleurs visible.

Dès lors,  l’avocat a demandé l’acquittement de leur client en vertu de l’application de l’article 544 du Code Pénal.

Affaire à suivre !

Thierno Amadou Oury BALDE