La coalition guinéenne « Publiez ce que vous payez Guinée » en collaboration avec le PROJEG, projet de renforcement des capacités des jeunes ont pendant trois ans mené une enquête sur les sociétés minières évoluant en Guinée. La présentation de ce rapport a eu lieu le mardi 13 novembre 2018 dans un réceptif hôtelier de Conakry.

 C’est dans le cadre de la campagne mondiale pour la bonne gouvernance dans le secteur minier que ce travail a été effectué. L’enquête de trois ans  de la société civile sur le respect du code minier guinéen a porté sur huit sociétés minières que sont Rusal, CBG, Somalu, SMD, SAG, SFMG, MAV et CARD,  révèle que les communautés qui abritent les sociétés minières comme la préfecture de Boké, Siguiri et autres  meurent à petit feu.

D’après  l’enquête, les cinq grandes sociétés minières du pays ne sont assujetties au paiement de taxe,  les sociétés ne sont pas en phase avec le nouveau code minier, les conclusions du comité technique de revue des titres et conventions miniers mise en place en 2012 ne sont pas publiés. L’assemblée nationale ratifie les conventions dans la plus grande opacité sans tenir compte des réalités des populations.

Ce n’est pas tout, car malgré  la loi de 2013, la SAG qui devait payée 17 milliards 861 millions 892 mille en 2017 n’a payé que 8 milliards 962 millions 601 mille et fonctionne encore sur le code minier de 1995 avec 0,4 pour cent du chiffre d’affaire alors que le nouveau code minier parle de 1 pour cent.

Sur la quinzaine de sociétés minières qui évoluent à Boké, une dizaine passe directement à la phase d’exploitation, sans étude d’impact environnementale.  Alors que selon le code minier, les taxes sont payées avant et pendant l’exploitation.

Avec cinq routes minières à Boké, nombreux sont des villages qui ont été déplacés systématiquement et des sites sont situés à moins de 5 km des villages alors que la loi est formelle sur l’éloignement des sites d’exploitation. Conséquences, des maisons fissurées, routes dégradées. Les opérateurs miniers se substituent aux collectivités locales pour  les actions de développement local, impacts négatifs des projets miniers sur l’environnement, rivières, plantations, champ de culture dévastés et déplacés, pas d’eaux potables dans les villages impactés par l’exploitation minière, tarissement de dizaine de cours d’eau,  accès difficiles pour les journalistes aux informations, des pressions sur des  forêts des communautés.

Enfin, le rapport de publiez ce vous payez Guinée mentionne que les sociétés minières n’appliquent  pas ou appliquent partiellement le contenu du code minier. Ce qui fait souvent la frustration des populations conduit à des révoltés. « par exemple, la société Anglogold Ashanti de Guinée (SAG) qui exploite l’or dans la préfecture de Siguiri, acquitte aujourd’hui une contribution au développement local de 0, 4% de son chiffre d’affaires brut annuel, reversée aux services de l’Etat, alors que le code minier de 2011 porte pour les métaux précieux cette contribution financière au développement de la communauté locale à 1% du chiffre d’affaires. Les collectivités locales impactées par l’exploitation y perdent chaque année des centaines de milliers d’US de recettes », lit-on dans le rapport.

Le rapport a précisé que l’absence de transparence, la méconnaissance des procédures, l’accès difficile à certaines informations ou à certains document engendre inévitablement suspicions et tensions.

Daouda Yansané