Pr Salifou SYLLA, ancien ministre guinéen de la justice

L’ancien ministre guinéen de la Justice, garde des sceaux  a donné son point de vue sur le décret de confirmation de l’élection de Mohamed BANGOURA à la tête de la Cour Constitution au détriment de Kélèfa SALL.

S’il reconnait que le président de la république a un pouvoir discrétionnaire qu’il exerce par décret, le Pr Salifou Sylla déplore tout de même le non respect de la procédure de destitution de Kélèfa Sall : « Le président a la capacité de prendre des décrets, mais la manière dont cette destitution est intervenue, pour ma part  n’est pas conforme au droit. Nous avons eu à dénoncer cette tentative de destitution de Kélèfa Sall au mois de mars dernier et nous avons fait savoir que ce qu’ils avaient fait n’était conforme ni à la loi organique ni à la constitution ».

« Il y a un aspect politique dans cette affaire et il n’y a aucun doute là-dessus.  Celui qui a pris ce décret était tout à fait favorable à la destitution de Mr Kelefa Sall depuis longtemps. Il faut que les gens se disent la vérité dans ce pays et c’est lui qui a instrumentalisé cette affaire.  Je pense que tous les indices nous conduisent vers la volonté de  modifier cette constitution, de la remplacer. Mais il faut dire déjà que la constitution et les lois sont bafouées dans ce pays depuis un certain temps», a dénoncé par voie de presse, l’ancien ministre de la justice.

A l’en croire, « les autorités  ne respectent pas la constitution, elle est régulièrement violée aussi bien à la Cour constitutionnelle que dans les élections ».  Il y a un problème fondamental qui se posera en Guinée a prévenu le juriste celui pour qui « les institutions sont perverties ». Puisqu’à l’entendre, celles-cisont bloquées et domestiquées : « Ici, toutes les institutions à part le Président de la République, n’exercent pas correctement leur fonction. Cette cour constitutionnelle a perdu toute crédibilité, elle est allée de scandale à scandale. Une institution qui a la mission de garantir le respect de la constitution et des lois, contrôle la constitutionnalité des lois, contrôle des élections nationales et referendum, contrôle du respect par les différentes institutions et de leurs attributions respectives ».

Alors qu’une plainte de la société civile vise les conseillers frondeurs pour faux et usage de faux en écriture publique, l’ancien chef du département de la justice pense que les mises en cause devraient bouder leur l’institution en tout esprit patriotique. « Les meilleurs services qu’ils peuvent rendre à la Guinée pour leur honneur et pour la Guinée, c’est de quitter ce poste. Mais ils ne le feront pas, parce que les guinéens sont accrochés aux postes, aux avantages qu’ils en tirent c’est tout », a-t-il renchéri.

Thierno Amadou Oury BALDE