Thierno Amadou Oury BALDE, journaliste

Faut-il évoquer un silence coupable des magistrats ?

L’Association des magistrats de Guinée semble-t-elle entériné la décision des  sept (07) conseillers de la Cour Constitutionnelles ?

En tout cas, on se demande quelle est l’origine du mutisme d’une telle association à caractère apolitique qui avait pourtant prévu de se prononcer le vendredi 21 septembre sur la crise qui mine la Cour Constitutionnelle où l’un de ses membres  est victime d’une soit disant « motion de retrait de confiance » de ses pairs.

Loin sans faut, ce n’est pas étonnant qu’en Guinée la crainte d’être évincé de tout poste de responsabilité ou d’être victime de sanction de l’exécutif motive la décision des hauts commis de l’Etat.

Pourtant, les membres  de l’Association des magistrats de Guinée pouvaient tout comme ceux du barreau donner leur position et proposer des approches juridiques  pour un dénouement heureux de la crise. Mais cette fois, ils se  réservent le droit de tout commentaire dans la presse alors qu’ils avaient publié antérieurement un  communiqué annonçant  la destitution de Kélèfa Sall parmi points soumis à l’ordre du jour de leur assemblée générale d’hier.

Irritant que cela puisse paraitre, cette  corporation qui réunie des magistrats a décidé du retrait du sujet brûlant de l’actualité nationale même s’il  était inscrit dans les débats.

Malgré tout, Mohamed Aly Thiam, président de l’Association des Magistrats de Guinée s’est prêté à un exercice qui lui semble difficile pour répondre aux hommes de médias en ces termes : « Si nous allons faire une réunion sur ce sujet,  vous serez informé. Pour le moment c’est  notre droit absolu de ne pas communiquer  sur ce sujet ».

Cependant a-t-il déclaré, cette décision a été prise par son organisation à la majorité de ses membres.

Même s’ils ont préféré garder silence, la loi ne les interdit pas d’en parler en tant que citoyens surtout membres d’une association des magistrats protégés constitutionnellement.

Mais si le souci de préserver leur qualité d’autorité investie de pouvoir emporte sur un raisonnement juridique, s’abstenir serait mieux au risque de voir un fardeau sur leurs épaules.

Tandis que les politiques et les acteurs de la société civile accordent leur soutien au président déchu, de nombreux juristes aussi se lèvent contre ce qu’ils qualifient de violation de la loi. Mais le président de la Cour Constitutionnelle, Kélèfa SALL, puisque c’est de lui qu’il s’agit, ne souffre d’aucune inquiétude car dit-il dans son droit de réponse adressée à ses détracteurs qu’il laisse le soin aux éminent juristes de répondre sur l’interprétation des dispositions de l’article 7 de la loi organique L/2011/006/CNT/ du 10 mars 2011 portant organisation et fonctionnement de la Cour Constitutionnelle.

Quoi l’on dise dans cette affaire, la politique de tape à l’œil pourrait certes s’inviter dans la danse pour que Kélèfa SALL soit victime de sa prise de position catégorique par rapport à un éventuel troisième mandat en Guinée.

En attendant qu’une solution urgente ne soit trouvée au contentieux des contentieux, il faut préciser que cette crise au sommet de la Cour Constitutionnelle relance une nouvelle fois la problématique du fonctionnement normal des institutions en Guinée dont le chef de l’Etat Alpha Condé est le seul garant.

Thierno Amadou Oury BALDE

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