Cité à comparaître le 07 septembre 2017, à la requête de l’Agence judiciaire de l’Etat représenté par l’Agent judiciaire de l’Etat, maître Alpha Camara n’a toujours pas répondu à la convocation du tribunal de première instance de Kaloum (Conakry). Il serait en fuite par crainte pour sa vie, d’après ses proches qui ignorent eux aussi, sa destination.

Maître Alpha Camara, avocat au barreau de Guinée et activiste des droits de l’Homme, est poursuivi pour injure et diffamation à l’encontre du Chef de l’Etat Alpha Condé, incitation à la haine ethnique. Il est accusé d’avoir, dans une revue, soutenu par exemple que : « Le Président Alpha Condé est un dictateur qui a eu la chance d’être élu. Il s’est plongé dans une métaphysique totale. Sa garde est composée de féticheurs issus de son ethnie (malinké). Son pouvoir est essentiellement fondé par des opportunistes ». Ou encore : « Le Gouvernement d’Alpha Condé est le plus pourri des régimes que connaît la Guinée ».

Pour l’Agent judiciaire de l’Etat, en tenant ces propos en dehors de tout prétoire, Maître Alpha Camara a commis  le délit d’incitation au soulèvement populaire, faits prévus et punis par les dispositions des articles 363 et suivants, 533 et suivants du code pénal. Par ces motifs, il sollicite du tribunal, la condamnation de Maître Alpha Camara à 10 ans de prison ferme ; au payement de la somme de deux milliards de francs guinéens et à la confiscation de ses biens.

Pour les proches du prévenu qui ont accepté de nous parler sous couvert de l’anonymat, « c’est plus pour ses prises  de positions en faveur de sa communauté (Kpélè) que pour ses propos dans  sa revue que l’activiste de droits de l’Homme  est persécuté par le régime du président Alpha Condé ».  Citant comme exemple sa défense des populations de Zogota où des policiers et gendarmes ont assassiné des villageois qui s’étaient opposés aux responsables administratifs corrompus et celles de Galakpaye toujours dans la région de Nzérékoré, victimes de violences pour avoir protesté contre la confiscation de leurs terres par une société de l’Etat.

Mohamed Camara